Gérald Franzetti, dans son atelier, impasse Jules-Mauméjean © Sébastien Hiribarren 

Artisanat d'art

À la lumière d'un maître-verrier

"Choisis un travail que tu aimes, et tu n’auras pas à travailler un seul jour dans ta vie" : cette maxime attribué à Confucius pourrait aussi être celle de Gérald Franzetti, maître-verrier aux 46 ans d'expérience.

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À la question "envisagez-vous de passer le relais ?", il lève un sourcil étonné et répond : "que voulez-vous que je fasse si j'arrête ?". À regarder ses réalisations, à entendre sa passion, la chose est claire. Le monde a encore besoin de son savoir-faire. Reconnu par ses pairs comme maître artisan, Gérald Franzetti travaille avec Pauline, sa fille, et Émilie, son employée. Son entreprise figure parmi les 400 françaises considérées comme hautement qualifiées. 

Il intervient sur les vitraux des monuments classés - comme récemment de la synagogue de Bayonne ou de l'église Saint-Esprit, mais aussi sur ceux de villas privées, et se plaît à rappeler qu'il y a en France autant de vitraux que dans l'ensemble des autres pays européens.
"La restauration est une école d'humilité, confie-t-il. Récemment, nous sommes intervenus au Splendid, hôtel mythique daxois construit dans les années 30. Nous nous sommes retrouvés face à des défis. En y réfléchissant, à trois, nous avons trouvé des solutions..." L'ambiance est studieuse à l'atelier, elle est également agréable. Et Franzetti de rappeler : "ce n'est pas un métier de rêveur, c'est un métier d'artisan. Les filles peuvent se retrouver à 14 mètres de haut, à poser des vitraux, comme c'est actuellement le cas sur l'église d'Ustaritz."

Des chantiers à l'international

80 % des commandes reçues par l'entreprise sont consacrées à des chantiers de restauration, les 20 % restant à de la création, tout autant appréciée, car source de liberté. Récemment, il s'est vu confier une partie des décors de la résidence du président du Congo, avec pour brief de réaliser un vitrail sur le thème du fleuve Congo, et un autre inspiré de l'Art déco et des tissus Kasai, aux couleurs du drapeau national... Sa proposition de création sur le fleuve a d'emblée séduit et il n'aura fallu qu'un aller-retour pour la seconde, un peu plus complexe. Gérald Franzetti est fasciné par son travail comme on peut l'être par ses créations. Il se fournit pour une grande partie auprès de la verrerie Saint-Just, la seule française à fournir du verre soufflé à la bouche, autre savoir-faire ancestral d'exception. Les bulles et légères irrégularités du verre font le caractère unique de chaque plaque : "en reflétant les rayons de manière diffuse et désordonnée, ce type de verre créé une ambiance propice au bien-être et à l'introspection, que l'on ressent dans certains lieux de culte", poursuit le maître-verrier. Une façon de penser et de favoriser l'intériorité plus que millénaire, transmise de génération en génération par des artisans qui mettent plusieurs années à se qualifier. "On commence en général par un CAP, reprend-il. Mais il s'agit là d'une "aptitude à travailler", les véritables compétences restant à conquérir..." Patience et humilité, deux maîtres mots qui ont fait leurs preuves à l'atelier. Refusé au concours d'entrée de l'École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d'art à 20 ans, Gérald Franzetti en est devenu l'un des examinateurs une trentaine d'années plus tard. Son expérience est aussi le reflet d'un état d'esprit : transparent, vif et lumineux.

Gérald Franzetti participe aux Journées Européennes des Métiers d'Art qui ont lieu du 27 mars au 2 avril