Le hall intérieur est surplombé d'une verrière et de vitraux réalisés en 1926 par les frères Mauméjean. Elle est soutenue par des piliers métalliques décorés dans le style Art déco par Benjamin Gomez.
Le hall intérieur est surplombé d'une verrière et de vitraux réalisés en 1926 par les frères Mauméjean. Elle est soutenue par des piliers métalliques décorés dans le style Art déco par Benjamin Gomez. © Ville de Bayonne 

Patrimoine

Galeries Lafayette : un bâtiment Art déco remarquable

Le bâtiment des Galeries Lafayette fait partie des sites patrimoniaux bayonnais emblématiques à plusieurs titres : il a été conçu et remanié de 1924 à 1930 par les frères Benjamin Gomez dans le style Art déco, et avec l'aide d'artisans locaux imposés au maître d'ouvrage par les architectes.

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Ce que l'on admire aujourd'hui est donc l'héritage de ce début de XXe siècle. Depuis lors, le grand magasin correspond à l'assemblage de deux hôtels particuliers, construits par Joachim Dubrocq vers le milieu du XIXe siècle. Cette famille ne les a jamais habité, elle les destinait à la location. L'un d'entre eux, l'Hôtel Dubrocq, situé face au Château-Vieux, a d'ailleurs accueilli quelques 250 pensionnaires du collège Saint-Bernard, alors tenu par les frères des Écoles chrétiennes, avant qu'ils ne déménagent sur le haut des allées Paulmy. Au moment de leur départ en 1905, le rez-de-chaussée était déjà occupé par un magasin généraliste, Paris-Bayonne, qui appartenait à une société bordelaise appelée Paris-France. En 1907, elle y installe l'enseigne Aux Dames de France, une référence dans la mémoire des Bayonnais.

Un même modèle architectural pour les magasins Aux Dames de France

Dès la fin du XIXe siècle, Paris-France a vocation à doter les villes de province de grands magasins, symboles de modernité. Il s'agissait de proposer aux "élégantes", les clientes de l'époque, les toutes dernières nouveautés. Aux Dames de France est donc conçu pour cela, avec un grand espace réservé à la réception de marchandises à l'arrière (une partie de l'ancien hôtel particulier Saint-Martin y est consacré), l'ouverture de grandes fenêtres et vitrines en façades, le recours aux techniques les plus modernes et une riche décoration. Le magasin bayonnais est ainsi dès le début doté d'un tapis roulant (c'est d'ailleurs l'un des arguments publicitaires à l'ouverture) et d'un ascenseur. Mais cet ascenseur capricieux fait l'objet de plaintes régulières de la part des clientes : il grince, tombe souvent en panne, laissant les passagères en effroi. Aussi en 1922, la société fait elle appel aux architectes et décorateurs Louis et Benjamin Gomez pour, non seulement concevoir un nouvel ascenseur, mais également surélever l'immeuble d'un étage et créer de plus grandes ouvertures. Le plus jeunes des frères y ajoutera sa touche singulière de décorateur.

Des chantiers confiés à des artisans locaux

Afin de mener à bien ce chantier, la société Paris-France demande aux frères Gomez de travailler avec des artisans rompus à leurs méthodes et rendus esthétiques. Mais, les Gomez, habitués à  d'autres collaborateurs,  insistent pour s'entourer d'entreprises locales. Ils réussissent à convaincre leur commanditaire. Ce sont donc les frères Mauméjean, dont un atelier est installé à Hendaye qui réaliseront les vitraux posés sous la verrière, ainsi que ceux du mur du fond près de l'escalier. D'ordinaire appelée pour la réalisation de décors religieux sur des lieux de culte, l'entreprise s'attaque cette fois à la réalisation de décors floraux. De 1924 à 1926, elle travaille selon des contraintes techniques fortes, dans la mesure où le magasin a rouvert ses portes au public avant la pose de la toiture définitive. Les ouvriers de chez Mauméjean accèdent au toit par des passerelles installées du côté de la rue Vainsot, actuelle rue Albert-1er. 
Les décors en stuc de marbre sont quant à eux fabriqués par l'entreprise Fraisse d'après des dessins de Benjamin Gomez. Les ferronneries de la cage d'ascenseur, encore visibles sur l'un des paliers, ont été confectionnées par la maison Gaudichau. Bien que conçues dans un matériau dense par essence, toutes les ferronneries accompagnent avec légèreté la montée des escaliers. Les volutes, tournesols et autres cornes d'abondance qui les façonnent contribuent à cette impression d'ascension. Ce parti pris esthétique crée aussi une ambiance propice à l'achat.